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(si ce n’est dans le commencement qui semble presque un pastiche d’Hoffmann).

Jamais peut-être Gautier ne fut plus romantique que dans Le Chevalier double (1840) et dans L’Enfant aux Souliers de Pain (1849). Ces deux contes nous font aujourd’hui absolument l’effet des ballades flamboyantes et la prose même n’y nuit pas, tant elle est rythmique et poétique. Réellement, si leurs sujets ne sont pas empruntés aux ballades d’Uhland ou de Burger, ils leur ressemblent plus d’une fois à s’y méprendre. Ils viennent évidemment de la source commune de ce genre, des légendes populaires[1].

Le Chevalier double est l’histoire — aussi vieille que le monde — de deux âmes, une bonne et une mauvaise, qui sont en lutte dans l’homme. A peu près au même temps Poë écrivait son William Wilson dont le sujet principal est exactement le même. Et Gœthe dans Faust (première partie) avait écrit ces vers éternels :

  1. Cf. Kinder-und Ilausmarchen (1812) et Deutsche Sagen (1816) des frères Grimm, où l’on rencontre plus d’une fois ces sujets et d’où probablement Gautier les a tirés.