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Paix ! la nuit est tout à fait sur la terre. Vous n’entendez plus retentir sur le pavé sonore les pas du citadin qui regagne sa maison, ou la sole armée des mules qui arrivent au gîte du soir. Le bruit du vent qui pleure, qui siffle entre lésais mal joints de la croisée, voilà tout ce qui vous reste des impressions ordinaires de vos sens, et au bout de quelques instants vous vous imaginez que ce murmure lui-même existe en vous. Il devient une voix de votre âme, l’écho dune idée indéfinissable, qui se confond avec les premières conceptions du sommeil (i) ».

Et cependant la musique n’est pas la seule qualité de cette langue admirable ; elle possède une puissance évocatrice d’images et de comparaisons à un degré extraordinaire. Permettez-moi encore de citer ce passage, il est si beau : « Voilà les chants des jeunes filles de Thessalie, la musique qui monte, qui monte dans l’air qui émeut, en passant comme une rime harmonieuse les vitraux solitaires des ruines chères aux poètes. Ecoutez- ! (i) Smarra, « le Prologue »,