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Démons de la Nuit(i), qui est incontestablement l’œuvre la plus connue et la plus admirée de Nodier, et très justement, parce que c’est vraiment, dans son genre, un chef-d’œuvre.

Il voulut enfin réconcilier l’antiquité avec le romantisme, sans se rendre compte qu’il était trop tôt pour cela ; mais lui-même y a presque réussi. Prenant comme « motto » les paroles d’André Chénier : « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques », dans une langue soignée à un point inouï, il raconte des cauchemars fantastiques (2). Quand Mérimée, voulant être malicieux, dit que c’est « un rêve d’un Scythe raconté par un poète de Grèce » (3), il voit juste quant à l’intention de l’au- (1) La première ébauche en est peut-être le Pays de Rêves. (2) « Je m’avisai un jour que la voie fantastique prise au sérieux serait tout à fait nouvelle, autant que l’idée de nouveauté peut se présenter sous une acceptation absolue dans une civilisation usée... Il ne me restait plus, pour satisfaire à cet instinct curieux et inutile de mon faible esprit, que de découvrir dans l’homme la source d’un fantastique vraisemblable ou vrai, qui ne résulterait que d’impressions naturelles ou des croyances répandues, même parmi les lents esprits de notre siècle incrédule, si profondément déchu de la naïveté antique. » Préface nouvelle de « Smarra ». (3) Dans le Discours de réception à l’Académie, i844.