Page:Retinger - Le Conte fantastique dans le romantisme français, 1909.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée

-49-

dans le cloître de la Sainte-Vierge-aux-Epines-Fleuries. Elle vit là, tranquille et heureuse, bénissant et adorant la Vierge. Malheureusement il arrive qu’un jour, aveuglée par l’amour mondain, elle se laisse enlever par un jeune et beau seigneur qu’elle a soigné pendant sa maladie. Avant de s’enfuir du cloître, confiante et heureuse, dans une chaude prière elle confie son sort à la Vierge, qui, la voyant candide dans son cœur, daigne descendre de son autel, prendre la figure et remplir les devoirs de la sœur Béatrix pendant son absence. Et quand la malheureuse, délaissée par son amant, obsédée de l’unique désir de fléchir Marie à force de supplications, revient au cloître, la Vierge lui pardonne et lui apprend que, grâce à son subterfuge, per sonne ne s’est douté de son absence, à elle Béatrix, et qu’elle pourra derechef s’agenouiller auprès de ses compagnes.

Nodier, toujours maître de sa langue, l’a simplifiée et l’a rendue pareille à ces nonnes qui n’ont pour parure qu’une robe blanche et immaculée. Tout le mysticisme et toute la foi du moyen âge renaissent dans cette légende si embellie par l’art