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féré, il reste Français par la langue et le charme de l’esprit. En cette qualité, il n’aime pas l’horreur présentée dans son décor macabre, il est de l’avis d’Horace Nec coram populo Medea trucidet... Il peut emprunter son inspiration à l’étranger, mais il la filtre et la transforme dans son esprit qui est latin. Il n’est jamais féroce ni horrifiant, car il n’oublie jamais les fées, qui, pour peu qu’elles se mêlent des affaires de l’homme, ne le font que pour l’aider et non pour lui nuire. S’il se trouve par hasard une fée méchante, il s’en présente aussitôt sept au moins pour la combattre. Son style enfin est charmant et très soigné. Il se garde des grincements de dents, et des grimaces hideuses, qu’on rencontre si souvent à l’étranger. Nodier fut un homme tranquille ; toute sa vie — sauf quelques années de sa prime jeunesse — s’écoula dans la paix et le calme ; il y avait chez lui trop de la nature du savant, pour qu’il put être flamboyant. Aussi bien, ne pouvait-il aimer sans réserve les romans fantastiques de M me Radcliffe, ni les contes nocturnes d’Hoffmann, mais il goûtait fort les dou-