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touchant les esprits, leur nature, leur pouvoir, leur administration et leurs apparitions et touchant les effets que les hommes sont capables de produire par leur communication et leur vertu ». C’est chez Cazotte que, pour la première fois, l’intrigue se déroule dans un décor fantastique et lui est unie intégralement avec la collaboration importante des forces de l’Au-delà.

C’est une belle œuvre que celle de Cazotte ; tout en conservant les bonnes qualités du xviip siècle, une langue parfaite, du charme et de la grâce répandus autour des personnages, l’auteur sait admirablement mêler à la vie réelle l’imprévu et le fantastique. Qu’elle est exquise la psychologie humaine de Biondetta, de ce Belzébuth, dont rien dans la réalité ne trahit l’origine, et qui n’est qu’une femme aimante et passionnée. Timide et triste au début, tant qu’Alvar ne lui prête aucune attention, dès qu’elle devine en lui l’amour naissant, elle devient plus pressante, plus enflammée ; on voit qu’elle aime par-dessus tout cet Alvar, jeune homme peu perspicace, mais très brave et honnête, qui ne succombe aux tentations qu’après