Page:Retif de La Bretonne - Les Contemporaines, t. 2, éd. Assézat, 1876.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXIV
RESTIF ÉCRIVAIN.

Nougaret avait sur Restif un grand avantage ; il avait beaucoup plus de lecture et on suppose qu’il a été au moins le compilateur des matériaux nécessaires pour la confection de la Mimographe qui, en effet, montre plus de savoir qu’on n’aurait pu en attendre de Restif. Le Pornographe, qui a ce même caractère d’érudition, moins marqué cependant, porte, en certaines parties, la marque de Linguet.

Les autres graphes, l’Éducographe, l’Andrographe, les Gynographes, se ressentent aussi beaucoup de la collaboration de Ginguené.

Pidansat de Mairobert, censeur royal et auteur de tant de Mémoires et d’Histoires qui ressemblent à des pamphlets, n’a point été étranger aux Contemporaines, au Spectateur nocturne, à la Malédiction paternelle, dont les deux premiers volumes, parus avant son suicide, sont ce qu’il y a de mieux écrit et de plus pathétique dans l’œuvre de Restif.

Grimod de la Reynière, Bultel-Dumont, Fontanes, Joubert, Mercier, Palmezeaux, la comtesse de Beauharnais, ne se sont peut-être pas bornés à lui indiquer des canevas. Cette dernière entre autres lui a fourni la donnée des Posthumes ou Lettres du tombeau, et il dit même quelque part qu’elle est le véritable auteur de ce roman, assertion absolument invraisemblable. Nous avons nommé Bonneville à propos de la Philosophie de M. Nicolas.

Restif se vante encore ailleurs d’une révision d’un de ses ouvrages inachevés par Diderot ; mais cela d’une façon si vague qu’il faut n’y voir qu’un désir ou qu’une amorce. Enfin un dernier collaborateur auquel on ne s’attendrait peut-être pas, dans l’état où étaient les relations entre le mari et la femme, c’est Agnès Lebègue. Il est certain que MMe Restif pouvait écrire. On a vu une de ses lettres dans notre premier volume. Il est aussi certain qu’elle a écrit ; M. Paul Lacroix dit même qu’elle avait la manie d’écrire. Manie ou non, il passe pour constant qu’elle a fourni à son mari plusieurs articles pour les Françaises, que Restif désigne lui-même comme lui ayant été donnés par un de ses compatriotes, M. Maribert-Courtenay. Or, ce pseudonyme est aussi celui sous lequel parut la Femme infidèle et Maribert est le nom supposé de l’éditeur d’Ingénue Saxancour. Il est difficile de croire que ces deux