Page:Retif de La Bretonne - Les Contemporaines, t. 2, éd. Assézat, 1876.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXI
SON ŒUVRE ET SA PORTÉE.

« Concluons que les molécules organiques, combinées sur notre globe et sur toutes les planètes sans doute, sont analogues entre elles, qu’il n’y a de différence que du plus au moins ; que toutes sont immortelles, indestructibles comme Dieu même, leur principe ; ou mieux comme Dieu, qui est le tout, et dont ces molécules ne sont que les émanations, les parties. »

Les quatre prétendus éléments ne sont que des composés.

La terre est vivante, et plus elle se rapprochera du soleil, plus les hommes seront sages et savants.

Le premier volume se termine ainsi : « Je viens d’établir une foule d’analogies fondées sur l’incontestable principe que tout est image et type dans la nature, » et ces derniers mots nous rappellent encore, malgré nous, les analogies de Fourier.

Le second volume reprend les choses en détail ; Restif y étudie la génération chez les différents êtres, en considérant toujours le mâle comme l’image du soleil, la femelle comme celle de la terre ; Dieu étant le premier mâle et la terre la première femelle. Il conclut ici encore : « Voilà ce que m’a dicté l’analogie, guidée par la raison. »

Nous croyons bon de recopier ici une de ces dictées :

« Nous venons de voir par les seules lumières de notre intelligence que tout est animé comme nous le sommes. Nous sentons en nous-mêmes que les sens étant les mains de l’intelligence, Dieu, les soleils, les planètes, doivent avoir de ces sens. Mais leurs sens sont-ils comme les nôtres ? Le soleil et la terre ont-ils des yeux, des oreilles, des narines, un goût, le tact ? Les soleils parlent-ils aux soleils une langue qui leur soit commune, et sans doute la plus belle des langues ? Se font-ils l’amour ? se font-ils des vers ? s’écrivent-ils des lettres ? ont-ils des travaux communs, des plaisirs, des peines, des arts, des devoirs ? La distance à laquelle ils sont les uns des autres est-elle proportionnellement la même que celle qui se trouve entre deux hommes qui ont des devoirs communs à remplir ? ont-ils une nourriture et comment la prennent-ils ? Voilà une multitude de questions auxquelles nous ne pouvons répondre, ni par l’effet de l’intuition, ni par l’audition : ces corps sont trop gros, relativement à nous, pour que nous distinguions à la vue et leurs membres et leurs actions, pour que nous entendions le son de leur voix. Les cirons qui vivent sur notre épiderme ne peuvent savoir si nous avons des membres ; ils ne peuvent être étourdis par le son de notre voix, leurs organes en tout genre sont trop délicats pour qu’ils puissent percevoir des choses si