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RESTIF ÉCRIVAIN.

production de l’homme, comme l’homme est une production du globe dont il est le parasite.

En descendant de l’homme jusqu’aux reptiles, Restif ne donne qu’une classification fort peu suivie[1] de l’homme aux singes de différentes espèces, puis au chien, qui est certainement, dit-il, une espèce de singe carnivore, aux différents mammifères, aux amphibies et aux reptiles. Il affirme qu’une pongote, singe de grande espèce, a pris soin d’un Européen naufragé qui lui di fait deux enfants, « C’était un officier français, dit-il, et mon père l’a connu en 1703. » L’ours est, comme le chien, une espèce de singe ; quant à l’éléphant qui, peut-être, tient le sceptre de l’animalité dans quelque planète, on pourrait le nommer l’homméléphant.

La même gradation se montre dans les végétaux. La nourriture végétale se transforme en notre substance. Les végétaux ont un moi, moins parfait que celui des êtres animés et mouvants qui eux-mêmes ont un moi de moins en moins parfait en descendant de l’homme aux singes, etc.

  1. Dans le second volume, la marche est mîeux indiquée. Restif se rapproche malgré lui de De Maillet et dit, chap. 271 : Gradations par où l’animalité aura passé pour aller à l’humanité :

    « L’homme, en montant à l’humanité (supposé que l’animalité ait commencé par les poissons), aura passé par toutes les gradations, depuis les mousses, les étoiles de mer, les huîtres, et par tous les autres poissons, au souffleur et au marsouin, puis aux cétacés qui allaitent, à l’amphibie, soit le lion ou veau marin, soit ensuite à l’hippopotame. Mais, du marsouin, l’animalité se sera divisée en deux branches, dont l’une aura monté directement par l’hippopotame à l’éléphant, qui sera l’échelle par laquelle aura passé l’humanité pour monter aux hommes géants : l’autre branche, au contraire, aura été plus naturellement du marsouin au cochon, puis à l’ours, ensuite au gros singe, enfin à l’homme actuel… Mais des marsouins ou d’autres poissons voraces il s’est fait encore une bifurcation qui a produit les carnivores et qui est passée de ceux-ci par les plus gros chiens, molosses ou dogues, aux singes de la seconde ou de la grosse espèce et des uns ou des autres à l’une des espèces des hommes actuels. La tradition des Danois est qu’ils sont sortis de la race d’hommes qui est montée à l’humanité par l’échelle des chiens : et leurs anciens rois se faisaient gloire d’être issus du plus grand de ceux que nous nommons des danois. On a ri de cette origine quand on l’a lue dans leur histoire : mais si elle est physique, pourquoi en rire ? »