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NOTES

suffisait, il était plus facile d’être bigame et même tessarigame, comme dit Restif, qu’à présent. La moralité de la nouvelle est à peu près la même que celle de la Fille de trois couleurs.

Page 171. La Cigale et la fourmi. Cette pièce, ou plutôt cette fable dramatique, comme l’appelle Restif, est de lui. C’est une de ses premières productions dans le genre théâtral. Son aristarque Nougaret était, lorsqu’il la composa, souffleur chez Audinot, et le directeur de l’Ambigu, sur sa recommandation, reçut la pièce. Mais le sort des pièces de Restif était de n’être pas jouées. Celle-ci resta donc dans les cartons. Cependant l’auteur ne désespéra que fort tard, et c’est pour entretenir sans doute le bon vouloir d’Audinot qu’il est toujours assez bienveillant dans ses jugements à son égard, ainsi que nous l’avons vu dans la note sur la page 75.

Page 173. Çapatero : savetier ; zapatero, en espagnol, n’a pas tout à fait cette signification méprisante et veut dire simplement cordonnier. Le savetier est le zapatero de viejo.

Page 188. Les huit petites marchandes du boulevard. Cent soixante-dix-septième nouvelle. Restif a plusieurs fois groupé de la même façon un certain nombre d’héroïnes, dont les histoires très-courtes n’auraient pas eu grand intérêt isolées. C’est ainsi que nous avons déjà vu les trois (ou quatre) belles chaircuitières, et que nous aurions pu voir les IX jolies filles de mode ; les XI belles marchandes ; les femmes qui trompent leurs maris ; les femmes qui rendent heureux leurs maris ; les femmes qui haïssent leurs maris ; les femmes glorieuses, honteuses de leurs maris ; les femmes qui font la fortune de leurs maris ; les femmes qui ruinent leurs maris ; les femmes laides aimées de leurs maris ; les jolies femmes haïes de leurs maris ; les femmes qui portent malheur à leurs maris ; les femmes qui portent bonheur à leurs maris ; les Veuves contentes, fâchées de l’être ; les XX filles des basses professions de Paris, etc., etc. En choisissant les VIII petites Marchandes, nous avons voulu, tout en prenant une des plus morales de ses nouvelles populaires, indiquer la façon dont Restif essayait de rendre plus facilement exécutable son projet d’encyclopédie des différents états de la société en France. Nous avouerons que les histoires des héroïnes n’ont pas toujours un rapport bien direct avec leur profession ; mais, comme l’auteur le disait dans les annonces de son livre, les gravures étaient là. Depuis l’éventaire de la marchande jusqu’à la couronne de la duchesse, on y trouve en effet les costumes et les instruments afférents aux divers états.

À l’occasion de cette réflexion, nous ne croyons pas trop déplaire au lecteur en lui donnant ici la liste des principales professions nommées par Restif et figurées par Binet, dans les