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NOTES.

aux Variétés amusantes, mais il voulut s’élever davantage, et il n’y réussit pas. Dans le Chroniqueur désœuvré ou l’Espion du boulevard du Temple, Mayeur l’appelle tout simplement vagabond, gredin et galérien, et dit que « ce présomp tueux histrion a agi comme un imbécile en débutant au Théâtre italien. »

Page 74. Nicolet. Page 75. Audinot. Audinot et Nicolet sont deux autres gloires du boulevard. Si nous consultons encore sur eux cette mauvaise langue de Mayeur, comédien du même boulevard, nous nous en ferons une bien triste idée. C’est à Nicolet, directeur des Grands danseurs du Roi, qu’il attribue ce mot fameux dit à un des musiciens de son orchestre comptant des pauses : Jouez, monsieur, je paie pour qu’on joue et non pour compter des pauses. » Il ajoute qu’il n’avait jamais su distinguer la clef de sa chambre de la clef de sol. Quant à Audinot, directeur de l’Ambigu comique, ancien gardeur de vaches, puis perruquier, puis acteur, puis auteur, il avait monté une première troupe de comédiens de bois sous la protection du prince de Conti, puis une troupe enfantine, puis une troupe véritable, dont Mayeur et quelques autres composaient les pièces. C’est après sa brouille avec Audinot que Mayeur fit ces vers pour mettre au bas de son portrait :


Homme d’humeur acariâtre,
Ton teint de couleur olivâtre
Est bien le teint de Lucifer.
L’indigne démon de ta sorte
Peut tenir tête à la cohorte
De tous ces histrions d’enfer.


L’opinion de Restif sur ces deux impresarii est consignée dans une lettre à la fin du tome X des Contemporaines. « Permettez, mademoiselle (Rivière), que je vous exprime les regrets de tous les gens de goût, lorsqu’ils vous ont vue passer du théâtre éphébique (celui d’Audinot) à celui où vous êtes (celui de Nicolet). Sur le premier vous ne pouviez que profiter et vous former de plus en plus ; Audinot est un maître habile qui sait donner à ses élèves un jeu noble et qui les prépare à briller sur un grand théatre. Sur celui de Nicolet, l’on ne voit qu’un trépignage ridicule, des acteurs qui ne savent pas parler. Quels modèles pour vous ! Rien de si mauvais, en général, que les pantomimes de Nicolet. Aucun goût, aucune imagination ; vous voyez les acteurs courir, sortir, rentrer, comme une troupe de polissons sans but, sans motif, sans art, sans liaison. »