Page:Retif de La Bretonne - Les Contemporaines, t. 2, éd. Assézat, 1876.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXV
SON ŒUVRE ET SA PORTÉE.

une commune à l’Occident, celle des épousailles au Midi, celle des enterrements au Nord. De ce même côté sera le cimetière.

Au milieu du village, à côté de la fontaine et près de l’église, sera élevé un bâtiment solide, où seront réunis le four commun, une salle, capable de contenir mille personnes et éclairée par cent croisées, servant de réfectoire ; une chambre pour rendre la justice[1] ; une grange pour la totalité des récoltes, des greniers pour les blés, etc.

Chacun n’aura en propriété que ses meubles, son linge et ses habits, qui seront les mêmes pour tous, sauf le choix de la couleur et de la façon.

Les bestiaux appartiendront à la communauté, qui nommera deux syndics pour avoir l’œil sur le travail et récompenser ou punir ceux qui entretiendront bien ou mal ces animaux et seront plus ou moins actifs et laborieux.

La punition consistera dans la privation de la moitié de la portion de vin les dimanches et fêtes et dans l’obligation de tenir la dernière place à l’église, près la porte d’entrée, ainsi qu’au rérectoire.

La récompense consistera à avoir les premières places dans ces deux endroits, et en outre a recevoir solennellement à domicile, les dimanches et fêtes, une part de pain bénit.

Les jeunes gens et les jeunes filles qui se distingueront auront le droit exclusif, les garçons, de se choisir eux-mdmes une épouse, les filles à une prérogative équivalente, fixée en assemblée des femmes de la communauté.

Les fêtes des noces dureront trois jours ; quatre si les sujets ont été assez méritants pour s’être mutuellement choisis, et la communauté, à la naissance du premier enfant de ces derniers, aura non-seulement un souper à double portion de vin et de bonne chère comme à toutes les naissances, mais un jour entier de réjouissance.

Le repos du dimanche sera observé et il commencera dès le samedi, midi.

  1. « Qui ne sera qu’arbitrale, dit Restif, ne pouvant y avoir de vraie matière à procès où tout sera commun. » Cet argument a beaucoup servi à tous les communistes et Cabet surtout (Voyage en Icarie) en a abusé.