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XXIV
RESTIF ÉCRIVAIN.

honnêtes et sensibles, qui se livreraient à l’art par besoin du cœur ou de l’esprit et remplaceraient avantageusement ainsi les actrices salariées.

C’est à la fin du Paysan perverti que nous trouvons le premier essai véritable de réforme sociale émané de Restif seul. Il suppose que pour éviter le retour de faits aussi navrants que ceux dont il vient d’écrire l’histoire, les membres survivants de la famille d’Edmond font agréer par leur seigneur les statuts d’une communauté, imitée de celles qui existaient alors en Auvergne et aux environs d’Orléans comme en Lusace chez les frères Moraves.

Ces statuts très-précis contiennent des dispositions que Restif a reproduites dans le Nouvel Émile, en y ajoutant l’histoire de la communauté de Sparte. Nous devons en donner un résumé.

Il est d’abord décidé que tous les descendants de la famille R. devront observer ce pacte de famille sous peine d’exhérédation.

Le bourg sera réglé suivant le modèle des familles unies d’Auvergne : « Nous statuons qu’il y aura égalité entière entre nos dits enfants, tant pour les biens de la fortune que pour l’éducation, » et pour leur rappeler « même dans les générations les plus éloignées qu’ils sont tous frères et une même famille, entendons qu’ils soient soumis au fils aîné de l’aîné de notre famille, lequel sera comme leur père commun. » Les curés et maîtres d’école devront être pris entre les descendants de cet aîné, s’il s’en trouve de capables, à leur défaut parmi ceux du frère qui le suit ; ils ne pourront être pris parmi les descendants de la fille aînée qu’après épuisement de la postérité de tous les frères. « Le curén’aura point de patrimoine. »

Les terres, qui devront atteindre le chiffre de mille arpents, seront divisées en cent portions de dix arpents, es frères et beaux-frèresexistantaumomentdela création de ce bourg d’Oudun, formant souche, se partageront les biens de façon à ce que chaque souche ait huit portions et en outre dix arpents, dont un en vigne et les neuf autres en place à faire vigne, avec trente arpents et droit de pacage après fauchaison dans la prairie commune. Il n’y aura pas d’autre cens que ce qui se payera au curé.

Le curé et le maître d’école seront logés dans les bâtiments attenant à l’église. Celle-ci aura trois portes :