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XXI
SON ŒUVRE ET SA PORTÉE.

de Geoffroy, qui le secondait ou plutôt lui gardait sa place, ne put s’empêcher de comparer Restif à Bernardin de Saint-Pierre, et de dire de lui : « C’est un écrivain très-instruit, qui fait penser et qui a des idées à lui, mérite rare dans un temps où les compilations sont si fort à la mode. Heureux le père digne d’avoir son fils pour historien ! Heureux le fils qui consacre ses talents à la gloire de son père ! »

La Vie de mon père sera sans aucun doute réimprimée dans l’avenir. En attendant, les lecteurs qui voudront se rendre compte de ce que peut être ce livre, en trouveront une sorte de complément dans la nouvelle qui termine ce volume des Contemporaines du commun : la Femme du laboureur ; de même qu’ils ont pu se faire une idée du Pied de Fanchette en lisant dans le premier volume : le Joli pied.

Nous ne dirons rien des autres romans de Restif, tous sont éclipsés par les deux que nous venons de citer. Il y aurait peut-être une exception à faire pour la Dernière aventure d’un homme de quarante-cinq ans, histoire vraie, avec les vraies lettres de Restif à Sara, mais, comme dans Ingénue Saxancour, comme dans la Femme infidèle, on n’y trouve que le développement de situations particulières de la vie de l’auteur. Ces épisodes ont été ramenés à leur juste proportion dans Monsieur Nicolas.

On nous permettra de ne pas nous arrêter non plus sur le Théâtre, qui reproduit toujours, avec des détails nouveaux il est vrai, mais sans véritable originalité, ces mêmes épisodes. Aucune de ces pièces n’a vu le feu de la rampe, et cependant, en comptant bien, on en trouve treize volumes. Seule une d’elles : Sa mère l’alaita ou le Bon fils, eut un certain succès de société, et fut répétée, mais non jouée au Théâtre Italien. Elle est en partie reproduite dans les Nuits de Paris. Une autre : Les fautes sont personnelles, lue au Théâtre Français, parut d’une énergie trop brutale à MMe Bellecour, et le Comité, quoique très-frappé de cette vigueur inusitée, dut la refuser. Ce peu de réussite au théâtre n’empêchait pas Restif de se croire au moins l’égal de Beaumarchais et il a consigné son opinion à cet égard dans une comparaison entre Pertinax et Bellemarche, qu’il termine ainsi : « Mais l’un est Crésus et l’autre est Irus. »

Je pense en avoir assez dit, pour l’espace dont je