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LA JOLIE GAZIÈRE. 99 reussisse (répondit Mr De-S**), et j'en suis fâché pour lui mais Colette aime Quelqu'un. - Hâ- ciel! et qui est-ce? - Votre Frère. Hâ! cela me rassure! je craignais, je vous l'avoue, que ce ne fût un-autre Homme, qui m'interesse- encore plûs? - Moi? - Vous même, mon cher Mari. - Hé bien vous-ne-vous- êtes-pas-absolument- trompée. Colette m'aime malgré elle, et c'est à sa prière que je la donne à votre Frère. Mon Frère est jeune; il est sans état; il peut s'en faire un, avec votre secours : Colette ne peut que nuire à son avancement, aulieu d'y-aider. Donnons-la. plutôt à votre Ami! Mais votre Frère adore Colette. Mon Dieu! que faire! Mon cher Mari, je m'en rapporte à votre prudence mais si mes vœus étaient remplis, ce serait Mr D.-r.- n.-d, qui aurait mon Amie! Je vais tâcher de la déterminer : Vous, consolez votre Frère.

Ce parti pris, Mr De-S** parla de Mr D.-r.-n.-d, à Colette; il lui fit-envisager les avantages de cette alliance : elle ne se-rendait-pas, et preferait Theofile: mais Mr De-S** lui ayant dit, que Manon était absolument pour Mr D.-r.-n.-d, elle répliqua: Disposez de moi au gré de mon Amie : Je lui dois tout; je veus tout lui donner; qu'elle fasse ce qui lui plaîra de sa Colette, qu'elle a si- tendrement et si-genereusement-aimée : Je suis à elle; qu'elle me donne à qui elle voudra-. Mr De- S**, depuis qu'il avait avoué à sa Famme les sen- timens de Colette pour lui, voulait qu'elle enten- dit tous leurs entretiens : elle écoutait donc celui-ci. Elle entra, comme son Amie achevait de parler, et lui fit mille caresses. - Tu es un trésor (lui dit-elle) : je sais que tu aimes mon Mari; mais je n'en suis point jalouse; tu es juste en l'aimatn, et tes sentimens pour lui ne font qu'augmenter ceux qu'il m'inspire : c'est la vertu que tu aimes. Je-me-félicite d'avoir les mêmes sentimens en- commun avec toi à son égard. Mais épouse son