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NOTES.

L’orthographe de Restif.

Nous avons suivi dans cette réimpression l’orthographe de l’auteur. Dès son premier ouvrage, la Famille vertueuse, il avait tenté à ce point de vue une réforme qu’il promettait quelque temps après d’expliquer plus en détail dans un traité spécial annoncé sous ce titre : le Glossographe, sixième volume des Idées singulières. Le Glossographe n’a jamais été écrit ; peut-être comme l’a dit M. P. Lacroix dans deux articles du Bulletin du Bouquiniste, parce que cette série des graphes n’était qu’en partie de Restif et que le fond en appartenait à un autre écrivain (Ginguené ?). Mais comme la promesse était faite, Restif a cru devoir donner au moins un aperçu de ses idées réformatrices dans plusieurs de ses ouvrages et notamment dans le seizième volume de Monsieur Nicolas.

Il commence par s’emporter contre ces « ignorants Didots » qui ont prétendu nous priver del’s long auquel seul doit appartenir le son dur, puis en donnant aux voyelles une différente valeur suivant l’accentuation qu’il y met, en supprimant les diphthongues et en simplifiant les lettres doubles, il parvient à écrire : ami, pate, pâte, dâs (dans), ôisó, utrage, jùne (jeune), jūne (jeûne), īportū (importun), vûte (voûte), senùr (seigneur), grhe (grille), xeval (cheval), sèzér (saigner), dize (digne). Il résulte de tout cela une certaine simplification, mais en même temps un assez grand embarras dont on peut juger par l’exemple suivant :

Apène nus ſortiōs des portes de Tresêne ;

Il étèt ſur ſō xar : ſès Gardes afligés,

Imìtêt fō ſilâſe ôtur de lùi râjés :

Il ſuivèt tut pâſif le xemī de Miſènes ;

Sa mīſûr ſes Xevôs lêfèt flotér les rênes, etc.

C’est, comme on voit, un mélange d’anciennes formes typographiques du xvie siècle (pour les diphthongues) et de particularités des alphabets grecs et italiens (pour l’u, l’x, etc.). Cette réforme pouvait à la rigueur se soutenir, mais Restif eut au moins le bon sens de comprendre qu’il n’obtiendrait pas de lecteurs s’il la poussait jusqu’au bout. En général, il s’est borné