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LA FILLE SÉDUITE

OU

L’AMI DE LA MAISON.

Pauline avait quinze ans. C’était une jeune Brune, dont l’œil plein de feu annonçait un cœur facile à s’enflammer : mais Pauline ’ était innocente : Une Mère spirituelle, sans être tendre, lui avait, par honneur, donné une éducation propre à conserver longtemps sa candeur, au moyen du mélange heureus des choses à savoir, et de celles à ignorer. Dans la maison, il venait d’habitude un Homme d’un certain mérite. Il avait de la figure, des manières agréables, beaucoup d’esprit ; enfin c’était ce qu’on appelle un Homme aimable, et même un Bel-Homme. Il avait d’abord fait sa cour à la Mère ; mais cette Femme, vertueuse par nonchalance, et n’estimant pas assés son Mari, pour lui faire l’honneur de se mettre au-dessous de lui, en le trompant, sut toujours se tenir sur les bords de l’intimité exclusivement.

La passion de L.-D.-M.-E. pour la Mère, se changea facilement en amour pour la Fille ; si pourtant l’on peut profaner le nom d’amour, le prostituant à ces passions honteuses dont le but est la corruption. Les charmes de Pauline commençaient à se développer, et quoiqu’elle ne fût