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tandis qu’il renversait ma fille sur le foutoir. Elle fit un cri. « O monsieur !… Mon cher monsieur… ne me faites pas trop de mal ! — Seriez-vous donc pucelle ?… — Hélas ! oui… » Il l’enconna avec fureur. Elle soupira, criota, pinça du con, déchargea. « Elle est adorable », disait le fouteur enragé, car il foutit, et refoutit, sans pitié, comme sans déconner, ses trois coups de suite.

Ma fille, tantôt le caressait, tantôt lui demandait grâce : mais elle déchargeait toujours… Il déconna ravi… Et voyant quelques gouttes de sang, que ses brusques estocades avaient fait couler, il dit : « Oui, vous êtes d’honnêtes gens. Un pareil pucelage n’est pas assez payé de cinquante louis. Je vais en envoyer cinquante autres, papa (ma fille était disparue pour s’abluer). Oui, si je n’étais pas marié, ajouta-t-il attendri, je l’épouserais, et pour son pucelage, et pour son amour… Vous allez recevoir cinquante louis. Je la regretterai toujours et ne la verrai jamais. » Il partit. Ma fille me remercia, et me dit qu’elle était rassasiée. Je lui remettais les cinquante louis. « Non, me dit-elle, cher papa, c’est pour nos dépenses. » Les cinquante autres louis arrivèrent, et je ne pus jamais l’obliger à en mettre dans sa bourse plus de six. Je déposai les quatre-vingt-quatorze autres à sa portée, dans mon magasin.

Le lendemain, à mon arrivée, ma fille me dit : « Je brûle aujourd’hui ; savez-vous la demeure du fat, ou du vit découvert ? — Non ; ce sont des sots. — Eh bien ! sortons. L’un ou l’autre me verra sans doute, et vous le suivrez. — Divine fille… Epuisé