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j’ai eu un plaisir… infini… à la faire expirer dans des douleurs plus fortes que celles de l’accouchement… J’en bande encore, mais avec des douleurs insupportables… Elle était si belle, que j’ai voulu en manger ; je me suis fait accommoder son con, sa matrice, ses poumons, ses tétons et sa tête, que j’avais déguisée. Nos moines ont mangé, sans le savoir, son cul, ses fesses, ses mollets, ses pieds, ses bras, ses mains, ses épaules, son cœur, son foie, etc… Tous, eux et moi, nous avons la vérole ! Or, ta femme, belle, fraîche, pucelle encore, ne l’avait pas… Voici ce que tu as fait, coquin ! Touché d’une fausse compassion, tu as fait évader ta femme, que je t’avais payée pour la foutre à mort, et tu lui as substitué une putain… C’est une insigne coquinerie !… Si j’en reviens, j’aurai ta femme ; si je meurs, tu seras pendu !… »

« Vitnègre s’est donné à tous les diables que c’était vous qu’il avait livrée. Le moine, qui venait d’être frotté de mercure et dont la langue enflait, a fait signe qu’il n’en croyait rien. Le chirurgien a tiré Vitnègre à part : « Avez-vous quelque affaire à régler avec ce scélérat ? Il n’a pas deux heures à vivre, à la manière dont enfle sa langue. Il a une vérole si terrible, que j’ai été obligé de le frotter au triple des autres, que voilà dans leurs lits, et qui commencent à saliver. Je le connais ; c’est un monstre à ôter du monde, et tout à l’heure il ne pourra parler. — Empêchez qu’il écrive !… — Oh ! ne craignez rien, l’enflure lui gagne les yeux ; il n’y voit plus, et la langue commence à lui sortir de la bouche. Il souffre… (lui tâtant le pouls) comme un damné… et il n’a pas une demi-heure à vivre. »

« Alors, Vitnègre, enhardi, a dit au moine : « Gueux ! Infâme !… C’est la putain Connillette que je t’ai donnée,