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« Voilà donc, me dit-elle, quel serait à présent mon sort, si, en vous accordant mes faveurs, je n’avais pas reculé votre départ ?… O mon cher papa ! tout mon corps est à vous, pour en faire ce que vous voudrez ! » Je lui demandai sa bouche. Elle me darda sa langue, et nous arrivâmes. Je lui dis de se coucher. « Non, non ! Et mes malles… mes bijoux, si nous pouvions les avoir ?… » J’admirai sa présence d’esprit. Il était près de cinq heures. Je courus rejoindre Timori, qui se promenait devant la porte. « Rien encore », me dit-il. Un instant après, nous vîmes sortir Vitnègre. Timori le suivit, et j’allai chercher ma fille, sa présence nous étant nécessaire, si d’officieux voisins nous arrêtaient. A mon retour avec ma fille, et deux crocheteurs, je trouvai Timori, qui nous dit que Vitnègre avait passé le boulevard. Ma fille ouvrit. Nous chargeâmes quatre malles préparées, mais cachées ; nous sortîmes sans être vus, et nous allâmes par des rues détournées, chez mes affidés.

Ce fut alors que ma Conquette fut tranquille ! Elle se coucha, et nous allâmes reposer chacun chez nous, Timori et moi.

Chapitre XVI. Foutoir. Petit magasin. Enterrement. Amour

Nous en sommes aux fouteries par excellence, à celles qui vont aguerrir ma délicieuse Conquette Ingénue, ma ravissante Victoire Conquette, faire leur fortune, la mienne,