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par terre, s’était remis sur le ventre de ma fille. « Eh bien ! dit l’infâme mari, est-elle enfilée ? bien enconnée ?… Déchargez-vous ?… décharge-t-elle ?… — Nous avons déchargé, répondit Timori Lenfonceur. — Je vais sortir, reprit Vitnègre. Ramone-la-moi encore pendant une bonne demi-heure que je serai dehors. Et ne vous étonnez pas de ce que vous allez entendre ; j’ai mes raisons. » Il alla dans le corridor, dont il ouvrit doucement la porte, et se mit à crier sourdement, comme s’il avait bourré sa femme à coups de pied : « Ah garce ! Ah putain !… Tu fous, sacrée salope ! Quand je suis sorti, tu raccroches !… Je vais chez le commissaire ! » Il ouvrit la porte bruyamment, et la referma de même. Mais il dit tout bas, avant de s’éloigner : « Remue du cul, ma petite femme ! Courage, Lenfonceur, fraye-moi-la bien ! »

« Voilà un rusé scélérat, dis-je à ma fille, pendant que Timori observait la sortie de Vitnègre. Le moine t’aurait tuée, et il ne néglige rien pour motiver ta mort. — Sauvons-nous, me dit-elle. — Non, non, nous sommes assez pour te défendre. Feins à Timori que j’arrive. »

Le jeune homme entra. « Voici mon papa, arrivé à propos. — Ah oui ! reprit Timori, sa présence pare à tout, car j’allais proposer de nous enfuir. Mais à présent, voyons ce qui arrivera. » Je lui montrai Connillette, et je lui fis entrevoir notre plan, que Timori trouva merveilleux. Le temps s’écoula vite. Nous entendîmes revenir, Timori reporta la lumière