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qui avait beaucoup de tempérament, dix à douze fois par jour. Ce qui la fatiguait tellement qu’elle lui avait donné le conseil d’acheter, de leur père, sa sœur cadette, nommée Doucette, qui partagerait le travail. Il le fit. Mais ces deux femmes avaient été bientôt sur les dents. Heureusement, un confesseur de nonnes découvrit alors, pour le velu, la religieuse hystérique, cousine des deux victimes. Il la tira de son couvent, sous prétexte de lui faire prendre les eaux, et la livra au Fysitère, qu’elle occupa seule pendant quelques semaines. Ce qui avait reposé ses deux cousines.

« C’est à cette époque que l’homme à queue était venu à Sens, et qu’il avait vu la famille Linars. Avant qu’il eût madame Guaé, on lui amenait trois filles couturières chaque matin. Mais les précautions qu’il était obligé de prendre pour sa santé, avec des créatures qu’il laissait libres, le dégoûtèrent de cette jouissance. D’ailleurs, comme il avait formé le projet de multiplier l’espèce des hommes à queue et d’en peupler l’île entière de Bornéo, pays originaire, il voulait pouvoir surveiller tous les enfants qui lui naîtraient. Ses trois femmes étant grosses, il ne voulait plus les fatiguer. Quand il fut lié avec madame Linars, il aurait bien cherché à déflorer sa future, ou à se donner une des nièces, ou la cuisinière, ou la femme de chambre. Mais il trouva que