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que doit parler un prêtre ! un Chrétien !… Venez ! venez ! Fi ! » Et il vint embrasser notre maître, qui le lui rendit. Maclegny disait des paroles consolantes ; Aubry, devenu sérieux, plia les épaules, et s’enfuit.

Telle fut la visite du recteur, qui alla faire d’autres scènes dans les dortoirs des pauvres, portant la terreur au lieu de consolation. Dans Saint-Mayeul, il trouva qui lui repondit ferme : le sous-gouverneur, ce tendre père des pauvres, et qui en était chéri, entendant les apostrophes du Gascon boute-feu à M. Duprat, dit au recteur : — « Monsieur, il y a vingt ans environ que je suis venu dans cette maison de douleur, pour mêler mes larmes à celles des infortunés, les consoler, les soulager suivant mon pouvoir, hélas ! trop borné, vu l’étendue de leurs besoins ; et vous, monsieur, qu’y venez-vous faire ? Vous, ministre de paix, vous venez y troubler la paix, scandaliser les pauvres de Jésus-Christ, dont vous devriez être l’édification. Je vous plains ! mais ne croyez pas me décourager ! Je resterai ici tant que je pourrai, et je n’en sortirai que contraint par l’Autorité, à laquelle on ne doit pas résister ; et si l’on me jetait dans un cachot, en m’arrachant de ce dortoir, je bénirais Dieu, en le priant pour vous, pour mes pauvres, et pour moi, tout comme je fais ici… Vos menaces sont inutiles : je ne crains rien, que Dieu ; je ne hais rien, que le péché. » À ces mots, Bonnefoi transporté tendit la main au sous-gouverneur, et lui dit ces paroles de l’Écriture : Melior es quam me, Fili David ! Ora pro me ad Domi-