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1788 93 — MONSIEUR NICOLAS

mes filles et moi, à la merci des méchants qui nous dévoreront !…

Le plus célèbre des hommes que j’ai connus est certainement le citoyen Caron de Beaumarchais. Je l’avais abordé dés 1778, à l’occasion de son imprimerie de Kehl, dont il me proposa d’être le prote : mais il y avait plus de dix ans que j’avais quitté ce genre d’occupation. J’étais cependant tenté d’accepter, par un effet de mon admiration pour Voltaire, dont on y allait imprimer les immortels Ouvrages. Ce fut le-citoyen Beaumarchais qui accommoda mon affaire de la XXVIe Contemporaine, avec Marie-Rosalie. Cette aimable femme désirait ardemment de voir un homme qui avait tant fait parler de lui : elle eut la satisfaction tout entière ; car non seulement elle le vit chez son avocat Picard, mais elle entendit de sa bouche la Nouvelle d’un bout à l’autre ; et comme elle y était fort louée, ce fut par M. de Beaumarchais qu’elle le fut. Elle m’en remercia, lorsque je la revis au mois de Septembre suivant, chez ma fille Virginie sa parente, qui voulut absolument que nous scellassions la réconciliation dans ses bras… Ho ! quelle aimable enfant que ma Virginie, et que la Nature l’emporte sur l’amour dans mon cœur !… Ma relation avec le citoyen Beaumarchais fut d’abord d’affaires. Je lui donnai, sur notre orthographe, dix-huit remarques qu’il communiqua à l’Académie Française d’alors, qui n’en approuva que six. Mais on vit, peu de temps après, par la dispute sur voyiez et soyiez, insérée au Journal