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qu’elle m’avait donné un coup, et læon ne me crut pas moi-même, quand je la disculpai. M. le curé, à la sollicitation des sœurs aînées, Marie, Marianne, Madeleine, toutes trois grandes puristes, fut employé pour découvrir le prétendu mensonge de Margot, par la confession ; car la confession sert à tout, dans les campagnes : la jeune fille se justifia, et mes parents n’en furent que plus inquiets ; ils se dirent entre eux : « Il ne vivra pas ! »

Si Margot se justifia pleinement ici par la confession, j’ignore comment elle se sera tirée d’une autre imprudence, presque inconcevable, mais qui néanmoins atteste son innocence. Elle nous prit un jour, Marie-Louison, qui avait à peu prés mon âge, et moi ; elle nous conduisit dans des chéneviéres fort hautes, et là, disposuit nos ignorantissime, quemquem nostrum sedentem e regione, dicendo : «  Hem ! coite l… » Maria-Ludovicella, pro sua intelligentia, obediebat ; ast ego nec voluntatem, neque facultatem habedam, et nihil nisi conatus inertes efficiebam. Erubuit tandem Margaritella, et nos dimisit integros, fando : « Sulti vos : » abite !… » Je n’ai jamais pu concevoir quel avait été le but de Margot, alors âgée de treize ans. Sans doute un garçon lui avait tenu quelques discours, ou elle avait vu quelque scène, comme celles que j’ai rapportées… Et l’on dit que l’innocence est au village ! Partout où se trouvent des hommes et des femmes, il y a fermentation et corruption.

Ma première amitié date de ma sixième année… 1740Sentiment délicieux, auquel je fus toujours aussi