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une bête, comme le chien de chasse. — Non ; mais tu n’as pas autant d’esprit que je croyais ; tu aurais entendu le badinage. C’était pour rire ; j’aime trop ta mère, pour ne pas t’aimer à la folie. Viens ! » Je me précipitai dans ses bras. — « Ce n’est pas tout, » reprit-il ; « je veux te réconcilier avec ta mère, qui avait du chagrin à ton sujet ; mais un grand chagrin ! car, plus on aime un enfant, plus on a de chagrin, quand il est dur et insensible. — Je ne suis pas ce que vous disez, grand-papa ; du tout. — C’est ce que j’assurais hier au soir à ta mère : je lui ai certifié que tu serais bon fils, et que tu l’aimais bien, ainsi que ton père. Elle m’a cru, et ma promis de t’embrasser. » Ma mère me tendit les bras. Loin d’aller à elle, je la repoussai un peu. — « Encore vous, » dit mon aïeul à sa fille ; « enfant, vous ne pouviez souffrir les caresses ; vous nous repoussiez nous-mêmes, votre mère et moi… Nicolas, ton père t’aime : l’aimes-tu ? — Ho oui, grand-papa ! — S’il était en danger, et qu’il fallût, pour le sauver, supposons, mettre la main au feu ? l’y mettrais-tu ?… là, s’il le fallait ?… — Oui ! grand-papa. — Et pour moi ? — Pour vous ?… Oui, oui. — Et pour ta mère ? — Pour maman ? les deux ! les deux ! — Nous allons voir si tu dis vrai ; car ta maman a grand besoin de ton petit secours ! Si tu aimes ta mère, il faut le prouver. » Je ne répondis rien ; mais combinant tout ce qui venait de m’étre dit, je m’avançai du côté de la cheminée ; et tandis qu’on