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Je me rappelle que j’étais frappé des louanges 1738qu’on donnait à ma figure ; mais je n’étais sensible à la louange, qu’à proportion de l’amabilité de la personne qui me la donnait, surtout si c’était une jeune fille. L’instinct me parlait pour le sexe différent dés la plus tendre enfance ; tandis que d’un autre côté, les femmes mariées et le tracas du ménage m’inspiraient le plus grand dégoût !… Les jeunes filles que j’ai préférées, étaient celles dont les couleurs ressemblaient à la rose. Thomas Piôt, l’associé de mon père, dans la recette du village, pour les anciens Évêque et Chapitre d’Auxerre, avait quatre grandes filles : Marie, la seconde, avait de belles couleurs ; Madeleine, la troisième, était blanche et potelée ; Nannette, la dernière, régulièrement jolie[1]. Je préférai Marie, ayant un beau fichu des Indes à bouquets rouges, qui rehaussaient encore l’éclat de son teint. Devenu plus grand, c’est Madeleine que j’aurais trouvée mieux que sa sœur. Enfin, dans la grande force de l’âge, je courais après les femmes sèches et maigres, comme Agathe, l’aînée des quatre sœurs… Revenons à la rosiforme Marie Piôt.

  1. Voyez mon Calendrier, morceau important de mon Histoire, dans lequel je célèbre la mémoire des 366 femmes principales avec qui je me suis trouvé en relation. Cette espèce de Table de ma Vie, est destinée à les réunir toutes sous un seul point de vue. Quelques-unes ne sont pas indiquées dans l’Histoire alors le Calendrier entre dans les détails nécessaires, et devient ainsi partie intégrante de l’Ouvrage. Quand plusieurs femmes n’ont qu’un trait, elles sont au même jour.