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C’est ainsi que par un seul point de vue juste, on répond en un mot aux vaines clameurs des hommes. La Nature est juste envers ses enfants : elle ne paraît se jouer de leur existence que parce qu’il est absolument indifférent d’exister individuellement, ou de n’exister que de la vie générale. »

    sait que présente, pour l’éviter, comme les animaux !… Que tu avais raison, Jean-Jacques, de regretter les forêts ! Oui, l’homme, en s’éclairant, a tout perdu !… Que ne puis-je, comme je l’ai mille fois désiré dans ma jeunesse, habiter une île solitaire, avec une compagne ! que ne puis-je être sûr que l’Européen inquiet, dont la race semble l’ennemie de toutes les autres, ne viendrait pas troubler mes descendants ! J’anéantirais pour eux toutes les connaissances, je leur interdirais le sang et la chair ; ils en seraient moins spirituels, mais ils ne feraient jamais la guerre ; ils mourraient de vieillesse, comme le bœuf et le mouton, sans connaître ni l’esclavage, ni les lois, ni la mort ! C’est la carnivorité qui nous a rendus spirituels,… voleurs, assassins* !


    *. J’avertis (et l’on n’en pourra pas douter), que j’avais commencé le Monsieur Nicolas, longtemps avant que je ne connusse les Confessions de ].-]. Rousseau, puisqu’il était annoncé dans mes Catalogues imprimés, dès 1778. On ne me soupçonnera pas d’avoir cherché à faire de Madame Parangon une imitation de Madame de Warens (qui d’ailleurs en est si éloignée en tout !), quand on réfléchira que mon héroïne est celle du Paysan perverti, publié avant que le projet deJ.-J. fût connu.

    Quelques faits, qui ne seront pas dans les Époques, se trouveront dans sept morceaux, intitulés : Mes Affaires, Mes Maladies, Ma Physique, Ma Morale et ma Doctrine, Ma Politique, Mon Calendrier, Mes Contemporains, Mes Dates, enfin dans le Drame de la Vie, articles qui formeront le complément de l’Histoire.