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Mais (je le répète,) il faut que je porte la véracité jusqu’au scrupule le plus timide. Ceux qui me connaissent, pourront me démentir : mais qu’ils se nomment, s’ils veulent avoir explication, ou justification.

Je donnerai, dans Monsieur Nicolas, l’histoire et la clef de mes Ouvrages : toutes les aventures que j’y ai rapportées, ont un fond vrai. Mais il y fallait quelque déguisement, soit qu’elles m’appartinssent, soit qu’elles fussent à d’autres : ici, la vérité sera dépouillée du clinquant de la fable, et la fiction ne la voilera plus.

La Vie de mon Père, publiée en 1778, contient tout ce qui regarde ma famille ; je ne le repéterai pas : mais je ne saurais me dispenser de rectifier la Généalogie placée à la fin de la troisième édition. Ce n’est pas en tout une plaisanterie pleine de sel de mon aïeul Pierre Restif le sévère, comme on le nommait : la vérité se trouve dans les dernières générations.

Pour entendre ce morceau, il faut savoir que Pierre était homme d’esprit et de plaisir, sacrifiant sa fortune, assez considérable, au désir de briller. Il avait épousé une parente du président Cœurderoi, et recevait chez lui les seigneurs des villages circonvoisins. Comme Pierre était roturier, ils affectaient souvent, à sa table, de