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m’a vu brouiller des amis, par imprudence, par légèreté ; j’ai menti avec le ton de la candeur ; j’ai insulté des femmes, des jeunes filles, par des expressions libertines…

Inconcevable labyrinthe du cœur humain ! ô chaos, qui renfermes tous les contraires, qui te débrouillera ?… Moi… dans moi-même. Je ne déguiserai rien, ô Lecteur ! ni les vices, ni les crimes, ni les turpitudes, ni les obscénités !… Oui, j’avouerai jusqu’aux motifs secrets qui me font écrire mon histoire. Je veux du moins avoir ce mérite, d’étonner par l’excès de ma sincérité ! O mon ami Lecteur ! (car vous m’aimerez, en me lisant, et vous m’estimerez peut-être, malgré mes défauts), soyez patient[1] ! la justice que je vous demande, est de ne me juger, à chaque fait, qu’après l’avoir lu tout entier. Je vous donne ici un livre d’histoire naturelle, qui me met au-dessus de Buffon ; un livre de philosophie, qui me met à côté de Rousseau, de Voltaire, de Montesquieu : je vous raconterai la Vie d’un homme naturel, qui ne redoutera que le mensonge. Je laisse ce modèle aux races futures. L’imitation n’en est pas aisée ! j’y ai renoncé vingt fois.

Mon premier motif avait été de m’historier.

  1. Télos oràn.