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verts d’un voile. Moi, je me montre sans voile ; je suis le Monsieur Nicolas : je ne vais rien déguiser ; je disséquerai l’homme ordinaire, comme J.-J. Rousseau a disséqué le grand homme : mais je ne l’imiterai pas servilement ; il ne m’a pas donné l’idée de cet Ouvrage, c’est moi qui me la suis donnée[1]. — Voilà ce que tu diras, en commençant, » m’avez-vous dit, cher moi ! « Ensuite tu donneras une idée de l’Ouvrage, en peu de lignes. Je suis né auteur ; toute ma vie j’ai toujours aimé à écrire : mon histoire en sera plus facile : j’aurai pour la composer deux secours qui manquent à presque tous les autres hommes, des cahiers qui remontent jusqu’à 1749, et mes lettres à mes amis des deux sexes. La première de mes lettres date de mes dix-huit ans et demi. Je ne conduirai mon histoire par ressouvenirs que jusque-là. Plusieurs de mes lettres ont paru dans quelques-uns de mes Ouvrages ; mais elles n’en seront que plus intéressantes, placées en récit, parce qu’elles découvriront une infinité de vérités dans mes Romans, qui ne méritent ce nom, qu’en

  1. Si la Dédicace est bien de 1777, cette phrase sur J.-J. Rousseau a dû être ajoutée plus tard, car les Confessions n’ont été connues qu’en 1782. (Note de l’Éditeur.)