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Peuples ne gagnent jamais, en décence, que ce qu’ils perdent réellement en pureté. Que ces vertueux écrivains pour qui tout est crime, hors leurs détestables intrigues, daignent s’abaisser jusqu’à lire nos Auteurs du Moyen-âge ; qu’ils parcourent ensuite le Moyen de parvenir, les Contes de Bonaventure Desperriers et tant d’autres, ils y trouveront, à chaque page, des sujets de scandale pour leur pudeur, dont cependant ne s’alarma point celle de nos aïeux, plus vertueux que nous. L’oreille est le dernier asile de la chasteté : ce n’est qu’après avoir été chassée du cœur qu’elle s’y réfugie ; et ce n’est aussi que chez les peuples corrompus, dont l’imagination est saturée d’obscénités, qu’on voit cette attention vétilleuse des écrivains, à éviter les expressions qui peuvent en réveiller les souvenirs. Censeurs ombrageux ! voulez-vous faire croire à votre sincérité ? Tonnez avec violence, contre la corruption effroyable de nos mœurs ; dénoncez à la Nation entière la protection scandaleuse, à l’abri de laquelle chaque jour elle étend ses ravages, et laissez aux esprits futiles la vaine critique des paroles. »

À la tête de mon premier Volume, dont l’impression était commencée dès le temps de la Monarchie, et sous la tenue de l’Assemblée Constituante, j’avais inscrit de tête des noms de Souscripteurs des deux partis : par une suite de mon amour pour la vérité,