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la-belle. » Celle-ci l’entendit : — « Tais-toi, langue ! Ne vois-tu pas que je fais au petit cousinn un chapel de roses ? — Mettez-y les vôtres ! » lui criai-je, « et prenez-en de nouvelles ! — Ah ! le petit coquinn ! il est coquet ! » dit-elle, « et son père ne l’était pas ! » Ursule Simon sourit, et croyant que je n’avais pas entendu, elle reprit : — « Edmée, Ursule, ou moi, nous vous attendrions trop longtemps… au lieu que… ma petite sœur… Anne-Marguerite, qui n’a pas osé venir… Allons dans notre jardinn… Il faut bienn qu’elle vous voie aussi… » Et elle nous y mena tous.

Je marchai paré de mon capel de roses. Au milieu de ce chœur de jeunes filles, je ressemblais à l’Amour. Je songeai à Julie : — « Ah ! si elle me voyait ! … » Nous trouvâmes ma cousine Simon la mère, occupée à préparer une collation ; car elle attendait mon père. Elle me fit les mêmes caresses que si j’eusse été son fils. Ensuite elle appela sa cadette : — « Anne ! vienn donc voir ton jeune cousinn de Sacy, que tu avais si envie de voir ! » Je vis entrer une grande fille mince, et qui pourtant n’avait pas encore mon âge, qui promettait d’être dans quelques années jolie comme Edmée Boissard, un peu brune, comme tous les Simon, mais ayant le sourire céleste. Je fus frappé ! La mère s’en aperçut ; elle mit sa main dans la mienne ; je la sentis trembler… — « Embrassez-vous ! » nous dit la mère ; « car vous êtes enfants de bons parents et amis !… Je regardai la jeune Anne, avec d’autant