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François m’avait dit de la beauté de ses concitoyennes. J’en remarquai plusieurs fort agréables ; mais Edmée Boissard les surpassait toutes. Il est un certain charme tout-puissant sur chaque homme et sur chaque femme ; lorsqu’on trouve ce charme à une personne d’un sexe différent, il produit le véritable amour. Je suis encore persuadé que je n’ai jamais aimé qu’une seule Beauté, ma véritable Vénus, quoique j’aie désiré différents individus : Ursule Lamas, Nannette, et les belles filles leurs pareilles, ne m’ont jamais inspiré autre chose que des désirs : il me fallait un physique comme celui de Marie Fouard, avec un peu plus de beauté, comme celui d’Edmée Boissard, de Julie, d’Ursule Simon, de Jeannette Rousseau, de Colette, de Zéphyre, de Rose Bourgeois, de Louise…, pour m’inspirer de l’amour, de la tendresse, de l’attachement… Je voulais examiner toutes les filles ; mes yeux une fois fixés sur Edmée, je ne vis plus qu’elle. Elle vint, avec Ursule, auprès de ma tante, en sortant de l’église. Je n’étais pas timide avec Ursule ; je l’étais avec Edmée, à la mère de laquelle ma tante me présenta. Je vis dans cette femme les plus beaux restes : ce qui augmenta la beauté de la fille à mes

    La place des femmes à Nitry, comme à Sacy, est la nef entière ; les hommes occupent le chœur et les deux ailerons de la croix ; ainsi l’on voyait parfaitement, et en détail, passer la longue file qui marchait modestement et fort doucement à cause du baiser de la patène. À Courgis, l’on n’allait à l’offerte que lorsqu’on devait communier.