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seulement dans les frères Courtcou, mais dans le manchot Lemme, l’ex-milicien Quentine, etc., tous difformes et très forts. Mais les Courtcou surpassaient en libertinage tous ceux que j’avais connus. Ils étaient de Nitry, où les esprits sont plus déliés, où l’air est plus pur et le cœur plus corrompu qu’à Sacy. Mon père connaissait en gros les deux frères ; mais il habitait le pays dans un temps où la corruption était bien moindre ! où l’on n’y avait pas même l’idée de celle de François, encore moins de celle de Pierre. Les Courtcou avaient à peu prés le caractère de cet anthropophage du Languedoc, pris et rompu à Toulouse en 1783 : ce dernier mangeait surtout les jeunes filles, et disait horriblement à ses juges : — « Ha ! si vous saviez, que c’est bon ! »

Dès le premier jour, je demandai à François s’il savait des contes ? Il sourit affreusement : — « Ho !

    lieues de la capitale ; je ne dis que ce que j’ai fait et vu, ou dont je suis sûr. Concitoyen ! que de vérités vues sans attention vous aller trouver dans cet ouvrage ! Lorsque j’en serai à parler du pays où vous êtes, vous comparerez avec ce que je dis à présent, et vous serez en état de juger par vous-même de ma scrupuleuse véracité. Puissé-je conduire librement cet important ouvrage à sa fin ! Puissé-je laisser à mon siècle ce monument unique, comme je lui ai donné les Contemporaines, en 65 volumes, y compris les Françaises, les Parisiennes, les Nationales et les Filles du Palais-Royal ; comme j’ai laissé le Paysan-Paysanne pervertis, comme je laisserai les Nuits de Paris ! Cher concitoyen ! puissé-je terminer le VIe et dernier volume des Idées singulières ! Je mourrai content quand j’aurai tout achevé. — Ce 18 Mai 1784, au milieu des craintes et des menaces relatives a mon Paysan-Paysanne avec figures.