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t’étrangler ; mais tu l’as pris à brasse-corps et il t’a porté sur son dos sans pouvoir te mordre. Votre mére-truie est venue à ta défense ; elle a enlevé le loup en l’air d’un coup de ses crochets ; et toi, quand-et-quand tu l’as lâché ; et quand il est tombé, tu lui as donné un bon coup de ton bâton ferré ; et puis la mére-truie l’a renlevé en lui ouvrant le ventre ; et quand il est retombé, tu lui as donné un coup de bâton ferré : et puis la mère l’a encore renlevé jusqu’à ce qu’il fût mort quasi. Et puis ton père est venu, qui a dit : — Ah ! mon fils Nicolas ! il a tué le loup ! ça s’appelle avoir du courage ! — Et puis il lui a tiré un coup de fusil, qui lui a cassé la patte. Et puis les chiens l’ont achevé. En fin de quoi Germain lui a coupé la tête avec un couperet ; il l’a écorché pour couvrir le collier de Flamand votre limonier : et quant à la tête, votre Germain l’a vendue aux gens du Vaux-Saint-Martin après l’avoir montrée à tout Sacy. Ho ! quelles dents elle a ! Marie Fouard a tremblé de tout son corps, en disant : — Ho ! s’il l’avait mordu ! — car elle t’aimera toujours.

Je dis à Etienne la vérité de l’aventure ; mais le récit des autres était bien plus sûr que le mien, sans doute parce qu’il était plus merveilleux. Étienne m’apprit qu’il avait été convenu, entre mon père et Germain, qu’on ne dirait pas les choses comme elles étaient. Je fus obligé de céder ; ma vanité, d’ailleurs, trouvait mieux son compte à la fable qu’à la vérité.