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connaissais pas cette maladie. J’étais auprès de Julie Barbier, quand j’eus le second accès… Faites attention à ce trait-ci, Lecteur.

Je frissonnais ; elle me tâta le pouls : — « Ah ! mon Dieu ! vous avez la fièvre ? » me dit cette bonne fille ; « il faut vous aller coucher et beaucoup boire. Je voudrais vous soigner, si cela se pouvait : mais Madame Berthier est bonne ; elle vous soignera bien. » Je ne voulus pas aller me coucher. J’étais courageux, quoique d’un tempérament délicat. Non, il n’est pas possible d’exprimer les attentions de Julie. Elle alla me chercher à boire, et profitant de l’absence du maître, elle courut chez son père, d’où elle m’apporta d’un sirop très agréable, que je crois de violette, et je bus tant qu’elle voulut par ce moyen. Que de choses compatissantes elle me disait ! Et tout cela n’était en Julie que l’effet de son excellent caractère. Elle m’embrassait ; elle allait jusqu’à me baiser les mains. On sait que j’avais les sens faciles à émouvoir ; que mon aventure avec Nannette avait développé en moi un sixième sens, exquis dans l’adolescence. Brûlé par la fièvre, enivré des caresses de Julie, je sentis l’aiguillon de la volupté ; je cherchai la jouissance, d’après mes ressouvenirs. Mlle Barbier ne fit pas la moindre résistance : elle se livra… d’un air si tendre, avec tant de complaisance, qu’il fallait que ses lectures eussent entamé son cœur et ses sens. Quant à moi, encore fort excité par la douceur des caresses d’une fille charmante et dé-