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avait un vaste enclos de prés, et toutes les facilitésPremière bergerie. nourrir des troupeaux de moutons, des vaches, des cochons ; pour avoir une basse-cour nombreuse, composée de tous les oiseaux domestiques, même de ceux à qui l’eau est nécessaire. Il n’était pas homme à négliger aucune des parties économiques. Il prit un berger : auparavant, il envoyait ses brebis au pâtre public. Le premier conducteur des troupeaux qu’on ait eu à la maison paternelle, se nommait Jacques Guerreau, fils de Blaise, couvreur et laboureur (car, à Sacy, point de profession exclusive : les Chevanne étaient maçons et vignerons ; les Cornevin tisserands et laboureurs ; les Costol, laboureurs et cordonniers, etc.) Ce Blaise Guerreau était l’homme le plus flegmatique que j’aie connu : rien ne le troublait :

Si fractus illabatur orbis,
Impavidum ferient ruinæ,


comme dit ce bon Lucrèce[1]. La foudre, le canon, ne l’auraient pas ému, puisqu’un terrible incendie, dans lequel il perdit presque tout ce qu’il avait, et qui le réduisit à la misère, ne fut pas capable d’altérer sa tranquillité, ni de lui arracher une plainte : — « J’en serai plus mal à l’aise, compère, » dit-il à mon père, qui avait tenu l’aînée

  1. Horace, bon Restif, Horace ! (N. de l’Éd.)