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qu’il m’ennuie fort de l’être, je ne vous devinerai pas. — Ah ! je veux l’être ! », lui répondis-je, afin de manger ma cousine Madeleine Piôt comme vous venez de manger Marie Fouard ». La passion me rendit politique, c’est-à-dire menteur ; car c’était Marie que je voulais manger. Étienne me devina tout haut et je fus loup. Marie Fouard se laissa prendre très facilement ; car elle me préférait à Étienne. Quand je la tins, je me rappelai toutes les sensations voluptueuses que j’avais déjà eues, soit par le tact non volontaire sur Ursule Rameau ; soit par les baisers enflammés de Nannette la moissonneuse, soit en dernier lieu par le contact des joues douces de ma cousine Nannon Gautherin, et je cherchai à les renouveler sur la brune Marie. En feignant de la manger, je l’embrassais ; je me faisais embrasser ; manus inserta pertractabant inguina, impuberemque concham ; l’innocente se prêtait à tout et le désir de la jouissance se fit sentir… Je lui disais cependant : — « Marie !… Étienne mon camarade vous aime bien, moi aussi : lequel aimeriez-vous le mieux ? — C’est vous. Monsieur Nicolas ; Étienne n’est qu’une mauviette. » En effet, cet enfant avait une petite stature, et ses bras n’étaient guère plus gros que mes doigts. Je fus enchanté de cette réponse, mais je craignis de faire de la peine à Étienne en retenant plus longtemps Marie, et je tâchai, avant de me donner un successeur, d’attraper Madeleine ; ce qui me fut facile : elle était jalouse de Marie, et se mourait d’envie d’être mangée