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amenée au milieu : Elle joignait les mains en suppliant, et regardant les filles :

« — Ô ! m’abandonmrez-vous ?
» Et suis-je livrée ?
» — C’est votre destinée ;
» Il faut suivre l’époux :
» Mais vous serez pleurée,
» Toute l’année,
» En entendant les coups… »

Elles poussaient ensuite des cris de douleur, et l’une d’elles éparpillait les cheveux de la pucelle. Alors les garçons s’avançaient, l’environnaient. Elle se mettait à genoux, en élevant les mains : ils feignaient de se laisser fléchir, et ils lui disaient :

« Viens, viens, mieux te garderons,
» Que ces filles à cotillons,
» Qui te garder ne pouvont. »

La pucelle se levait, et donnait la main à celui des garçons qui lui plaisait. C’était son mari, et le jeu finissait là. Le garçon choisi remettait ensuite poliment la jeune fille au milieu de ses compagnes. Il paraît que l’origine de ce jeu est l’ancienne cérémonie du mariage chez les Gaulois du canton, avant et même depuis le Christianisme. Ce jeu est absolument cessé aujourd’hui, ainsi que tous les autres.

Celui de la belle-mère était encore plus dramatique. On s’assemblait indistinctement, garçons et filles.