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ne m’en vantehai pas… » Je fus assez content de cet essai. En la quittant, je passai devant un groupe de grandes filles, qui m’environnèrent : je fus tenté de fuir ; mais la raison l’emporta. Je m’élançai le premier au cou de Reine Miné. — « Ma j’crai qu’c’ôt li qui t’embrasse ? » s’écria Madeleine Champaut. Elle succéda, et me laissa faire tant que je voulus. Je courus lutiner Agathe. Les trois filles se regardaient avec surprise !… Les femmes et les autres filles s’approchèrent ; en me voyant me démener, on m’applaudit : « Ç’ôt bén fait ! » disaient les femmes ; « Ha ! ha ! vous craijéz-donc encoi’ avoir affaihe à un enfant ? — Je veux avoir toutes les filles à la joue ! » m’écriai-je. Depuis ce jour-là, aucune fille n’osa plus me poursuivre. Une de mes voisines, jolie, et toujours modeste, me fit compliment de ma résolution, et me témoigna, en rougissant, combien elle avait désapprouvé l’effronterie des grandes filles ! Peu s’en fallut ici que je ne renouvelasse l’aventure de l’écurie aux mules ! Mais Marguerite ne s’y prêta pas… Il doit se passer quatre ans après, entre elle et moi, une scène très intéressante.

jeux de Sacy.Vers la fin de Juillet, après que le regain était assez poussé pour faire paître les chevaux, les adolescents et les adolescentes qui les gardaient, se réunissaient dans la prairie, et s’y amusaient à différents jeux, capables de donner une idée de la vie des anciens bergers. Il est certain que dans les temps d’innocence et d’égalité, où les enfants des