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tour… Enfin, il lui prit un tel accès d’érotisme, qu’elle voulut être possédée, et elle en prit les moyens ; nouvelle Sapho, elle aida la nature, la fit agir, et causa en moi un bouleversement inconnu… À ce moment terrible ! de la première crise de la reproduction, … je m’évanouis ! En revenant à moi-même, je me trouvai inondé ; mes camarades m’environnaient. Madelon disait à Nannette : « Mais, tu l’as donc chatouillé ? J’ai oublié de te prévenir qu’il ne le fallait pas ; car je sais de sa sœur Margot, qu’il se pâme dès qu’on le chatouille. » Nannette rougit, en balbutiant : — « Ô ne m’en doutos pas ! Toute l’explication finit là. Je n’avais moi-même qu’une connaissance confuse de ce qui s’était passé. Treize années s’écouleront avant que j’en voie les suites : c’est par l’effet que je saurai un jour, que j’ai été homme à dix ans et demi. Je me rendis chez nous triste, toujours prêt à m’évanouir, enfin dans une situation qui vérifiait le proverbe, en démentant la moitié de son exception : Omne animal post coîtum triste ; excepta gallo-gallinaceo, et scholastico futuente gratis.

Au mois d’Octobre, je retournai à l’école sous maître Jacques. J’avais appris à Vermenton à faire la fuitaine ; je manquai souvent la classe, ce qui donna occasion aux Rameau de me décrier dans l’esprit de Messire Antoine : j’eus le fouet ! humiliation profonde qui fit triompher leur mère ; elle vint en faire un compliment de condoléance à la mienne, qui fut beaucoup plus mortifiée que moi. Je n’écri-