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faveurs, et elle m’en témoigna son indignation. Aussi, le lendemain, la date exprime-t-elle ce sentiment de Sara.

41. 16 mart. Sara indignata. (Sara indignée.) Et voilà ces prétendus honnêtes gens du monde ! ces brutes, qui cherchent le bonheur, ou du moins l’illusion, et que la nature a privés de la capacité de faire naître cette dernière ! Ce Dumont a trente mille livres de rentes, est célibataire, sans enfants, même naturels ; il a les plus détestables principes sur la paternité : ce Dumont est un grand fou ! En le décriant, c’est le vice que je décrie.

42. 19 mart. Bis Elise felix. Elise, ou Sara, en me témoignant, pendant plusieurs jours, son indignation contre le dégoûtant Dumont, excitait en moi les sentiments les plus vifs de tendresse et de reconnaissance. Je fus deux fois heureus le 19 Mars.

On demandera pourquoi, si content de ma Sara, je cherchais à la donner à un autre ? Hâ, mon lecteur ! Que de choses à vous répondre ! C’était par délicatesse, par excès de tendresse et d’amour[1] ! Je voyais Sara pauvre (et elle l’était, car le bien d’une mère comme la sienne, n’était pas son bien). Emu, touché du sort de cette jeune infortunée, qui m’avait confié plus d’une fois que sa mère avait voulu la prostituer à de Houves[2], à Saugrain, j’alai trouver Dumont, que je croyais un ami ; je lui vantai

  1. Voir Monsieur Nicolas : Il propose Butel-Dumont à Sara, « l’âme déchirée par le sacrifice qu’il fesait au bonheur de sa jeune amie ».
  2. De Houves (de Vesgou dans Monsieur Nicolas), avocat, avait, en tout bien, tout honneur, cela va de soi, offert