délicates, était un goût factice basé sur un
goût naturel, mais celui de la petitesse du
pied a seulement une cause physique. »
Il blâme irrévérencieusement, dans Monsieur Nicolas : « les pieds plats des républicaines, leur jambe nerveuse, leur derrière
crotté[1] », s’indigne de voir le Journal de Paris
prôner la nouvelle mode des talons plats, et
répond au Journal de Neufchâtel qui l’avait légèrement raillé sur sa manie : « Je trouve
qu’il n’y a pas de sens aux femmes d’avoir
voulu se grandir par la tête, comme les grenadiers, et de se raccourcir si désavantageusement par les pieds. Ce n’est rien gagner.
Pour moi, je crois que les talons hauts ont
un double avantage pour les femmes ; le premier et le plus important, c’est d’éloigner la
forme de leur chaussure de celle des hommes,
ce qui leur donne le charme du sexe, qu’elles
n’auraient pas sans cela ; le second, de rendre
plus agréable le bas de la jambe et du pied ;
le troisième, de donner à leur marche un air
moins décidé. Je trouve que la marche d’une
femme à talons bas a quelque chose de trop
hardi et même d’indécent. Une femme doit
avoir l’air d’une sylphide. Un soulier plat lui
donne l’air matériel, au lieu qu’un talon haut
l’empêche de toucher la terre, en quelque
sorte, et en fait une créature céleste[2]. »
Une autre raison donnée ailleurs, c’est
qu’avec un talon haut, le pied « prend peu
de boue et n’en renvoie point[3] ». Rien de
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