Page:Restif de la Bretonne - Le Palais-Royal, éd. d’Alméras.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES FILLES DE L’ALLÉE DES SOUPIRS

PREAMBULE

Fi ! quelle histoire ! — Ha, ha ! monsieur, madame, ou mademoiselle, ne faites pas si// Vous lisez bien l’histoire des singes, celle du bœuf, de l’éléphant, du rhinocéros, et Buffon a su vous intéresser pour l’âne... Nous allons, nous, vous parler d’êtres humains : nous allons faire un livre très moral sur de très immorales créatures, qui, malgré quelques ressemblances, sont fort au-dessus des juments, des ânesses et de toutes les montures possibles. Les belles du Palais-Royal sont très jolies, surtout les jeunes. Quant aux vieilles, c’est comme partout : une vieille bête n’est jamais belle.

Quoi qu’il en soit, nous allons vous peindre des mœurs singulières, insolites, et beaucoup plus piquantes aujourd’hui qu'il y a six mois. Nous vous en dirons la raison. Mais auparavant, donnons une idée de la figure, de l’âge, de la taille, de la mise (1), de la marche, des mœurs et des talents de ces belles, sous les noms de guerre qu’elles ont adoptés, La première de toutes, par l’importance qu’elle se donne, est

(1) Mlle Minette S... n’aime pas cet agréable mot. Pourquoi ? Il est pittoresque, et vaut dix mille fois mieux que le célèbre conséquent de nos cataugans et de nos farauds.