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LE PALAIS-ROYAL
CINQUIÈME ET SIXIÈME SUNAMITES
ŒILLETTE ET SA COMPAGNE ROSE

» — Madame Janus (nous dit-elle), ne veut que des enfants indépendantes, pour être plus tranquille, et ne point essuyer de réclamation désagréable. Je suis fille d’une demoiselle bien née, âgée de quinze ans, qui, ayant donné un rendez-vous à son amant dans un grenier, dont il y avait deux clefs, y fut singulièrement surprise. Mon papa, homme grand, fort et vigoureux, avait reçu au même lieu, un rendez-vous d’une baronne très aimable et très voluptueuse. Mais Adélaïde de T*** de R***, ma mère, l’avait devancée ; la baronne qui avait un amant en titre, qu’elle trompait, entendant respirer, crut que c’était lui ou ma grand’mère qui l’épiait. Elle tâta et trouvant une robe de soie, elle se retire doucement. En descendant elle trouva l’amant de ma mère qui montait, et qui lui baisa la main. Le prenant pour le sien, elle le conduisit dans son appartement, trouvant plaisant de tromper la jalouse chez elle tandis qu’elle l’attendrait au grenier.

» Cependant, le père d’Adélaïde monta doucement au rendez-vous de la baronne. Il arriva sans bruit et ayant entendu respirer la craintive Adélaïde, il alla droit à elle. Il eut bien quelque surprise, causée par le sens du tact ; mais à cent lieues de la vérité, il n’imagina rien.

Les choses faites, il descendit et alla se mettre dans son cabinet. Un instant après, il entendit rentrer quelqu’un. Il