Le passage,
Un songe a percé le nuage ;
Lindor, épris de sa beauté,
Se déclaré, il est écouté ;
D’un songe, d’une vaine image,
Lindor est la réalité ;
Le sein d’Elmire est agité,
Le trouble a couvert son visage ;
Quel moment !
Si l’amant
Plus ardent,
Ou moins sage,
Avait hasardé davantage !
Mais quel transport vient la saisir !
Cet objet d’un secret désir,
Qu’avec rougeur elle envisage,
C’est l’époux qu’elle doit choisir ;
On les unit ; Dieu ! quel plaisir !
Elmire en fournit plus d’un gage :
Les ardeurs,
Les langueurs,
Les fureurs,
Tout présage
Qu’on veut un époux sans partage,
Dans le monde un essaim flatteur
Vivement assiège son cœur ;
Lindor est devenu volage,
Il a méconnu son bonheur :
Elmire fait choix d’un vengeur ;
Il la prévient, il l’encourage :
Vengez-vous ;
Il est doux,
Quand l’époux
Se dégage,
Qu’un amant répare l’outrage.