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LES TROIS BELLES CHARCUTIÈRES

conduite d’Adélaïde, comme il était véritablement aimé : elle ne change pas ; elle excuse un perfide ; elle dit que la constance est encore au fond de son cœur ; mais qu’il est au-dessus des forces d’un homme de la sentir toujours avec la même vérité. Cependant elle ne veut pas lui parler, et la maison lui est défendue.

Quant à Rosette-Julie, son amant, d’épreuves en épreuves, lui fit quatre enfants : il n’a été content que lorsqu’il a été sûr d’être le seul homme qu’elle fût capable d’écouter : et l’on peut dire, que pour une fille qui faisait des enfants, il n’en fut jamais de plus sage.

L’amour est une passion cruelle, involontaire ; mais un ferme courage la dompte enfin. Heureux ! heureux mille fois, celui qui n’a que des amours avoués par la vertu !


On m’a donné le canevas de deux autres belles charcutières qui n’avaient pour elles qu’une coquetterie outrée : on assure qu’elles n’étaient point sages ; mais je crois qu’on les a calomniées, en disant qu’on les faisait venir pour douze francs : l’ainée est morte femme de bijoutier ; la cadette, devenue chapelière, a fait faire banqueroute à son mari.