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ET LA JOLIE PAPETIÈRE

tière de vouloir bien venir compter avec madame, et recevoir son argent : elle l’assura qu’elle serait ramenée dans la voiture de madame. Ô dangereux serpent ! dit en elle-même Rosette, que tu as de ruses pour le mal. La jolie papetière remonta dans la voiture ! dès qu’elle eut aperçu son beau-père, qui lui fit signe qu’elle le pouvait. Lorsqu’elle fut avec les deux femmes, la fausse femme de chambre fut transportée de joie ; elle baisait les mains de Rosette Rame ; elle voulait l’embrasser. — Que vous êtes jolie ! (lui disait-elle) : ah ! comme il sera content ! C’est un homme très comme il faut !… encore jeune… c’est une protection ; vous n’avez qu’à parler… — Nous n’emploierons pas ce moyen de vous avoir, à l’avenir (dit Maculature) ; quand vous allez savoir la demeure, vous vous y glisserez en zigzag, et vous serez toujours bien reçue… Et puis vous amènerez la jeune innocente… — Ah ! pour celle-là (dit la fausse femme de chambre de la comtesse de Goupil), elle aura un homme… suffit… C’est une fortune, je vous en avertis, et pour elle et pour vous madame… Et vous sentez que je ne suis pas femme à vous obliger à la fidélité. Rosette souffrait cruellement de ces discours, elle aurait voulu être arrivée. La remise s’arrêta enfin devant une maison à porte cochère de la rue du Four-Saint-Honoré. M. Grandraisin père précéda sa bru : il tira la sonnette du premier, et l’on ouvrait quand Rosette arriva ; ce fut avec lui qu’elle entra, ainsi que les deux femmes. Il la salua, et la fausse femme de chambre, qui était la maîtresse du lieu, proposa de débuter avec lui, en attendant l’homme dont elle avait parlé. M. Grandraisin n’en voulait pas savoir davantage : il accepta. On les conduisit à une belle chambre au second. Là, il demanda des rafraîchissements, en montrant une bourse, qu’il ne donna cependant pas. La femme sortit aussitôt, et le beau-père emmena sa bru ; il trouva encore la voiture à la porte ; ils y montèrent, et il dit au cocher de les ramener. Cet homme, qui n’était loué que pour un jour, ne connaissait pas encore ses véri-