Page:Restif de La Bretonne - Les Contemporaines, (Charpentier), tome 2, les Contemporaines du commun, 1884.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LES HUIT PETITES MARCHANDES DU BOULEVARD

fini. Ah ! ça, p’tit Chap’ron-rouge, m’dit ma grande vieye, j’taime tant, que j’veux qu’tu couches avec moi. Si t’as trop chaud dans la nuit, t’iras dans ton lit. Moi, qui m’voyais si ben aimée, je n’pouvais pas lli r’fuser ça. Si hen qu’je m’coucha avec elle… Je n’vous l’cacherai pas, j’fus prise ni pûs ni moins que l’Petit Chap’ron-rouge, et le loup m’croqua ; car ma grande vieye, c’était le vieux homme qui m’faisait d’abord au paravant tant d’compliment…

J’fus ben fâchée, quand j’vis ça : mais i’m’fit tant d’bien, tant d’presens, que j’lui pardonna ; vu qu’i’ne r’commença pus, et qu’i’m’a promis de m’marier avec M. Delépine, que v’là, et qui sait ben que ç’n’est pas ma faute.

Le comte éclata de rire, et la petite bouquetière se mit à chanter la ronde célèbre :


Je n’eus jamais laissé faire
Un autre que le curé :
D’un autre que du vicaire,
Je ne l’eus pas enduré :
C’est la faute du vicaire ;
C’est la faute du curé. (bis les 2).

Le premier fut le vicaire ;
Non, c’est je crois le curé.
Oui… non… je ne le sais plus guère
Qui fut ce dénaturé !
C’est la faute du vicaire, etc. (bis).

Respect de leur caractère,
Leur enfant m’est demeuré.
Cet enfant est du vicaire,
Si ce n’est pas du curé.
C’est la faute du vicaire, etc. (bis).

Sans ce diable de vicaire,
Et sans ce chien de curé,
J’épousais l’apothicaire,
Qui piquait bien à mon gré !
C’est la faute du vicaire, etc. (bis).